Soutenir la santé mentale dans les communautés autochtones de la région d’Athabasca

Imposant bâtiment de briques perché au sommet d’une colline, le pensionnat Holy Angels a dominé Fort Chipewyan pendant près d’un siècle.

Fermé en 1974, le bâtiment a été démoli l’année suivante. Mais même 50 ans plus tard, ce qui s’est passé à l’intérieur de ses murs est toujours présent à l’esprit des membres de cette communauté, toute génération confondue.

La prise en charge de ce traumatisme historique et de ses séquelles psychologiques durables a mis en évidence les graves problèmes de santé mentale que doivent gérer les communautés autochtones canadiennes.

Le projet Peer Connection de l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) de Wood Buffalo, destiné aux communautés autochtones de la région d’Athabasca, est né dans la foulée de ce constat. Lancé en septembre 2023, le programme prévoit du mentorat par les pairs et une collaboration avec des écoles de manière à offrir un soutien en matière de santé mentale, de toxicomanie et de guérison.

« Le programme aide vraiment les résidents tout simplement parce que les membres de l’équipe de soutien par les pairs de l’ACSM ne se présentent pas comme des cliniciens cherchant à traiter les patients », explique Lori-Ann Laviolette, travailleuse sociale, directrice du développement pour la Première Nation Athabasca Chipewyan et membre de la communauté.

« Ce sont avant tout des personnes désireuses d’en savoir plus sur la communauté et les approches autochtones. Jodi Collins, l’une des coordonnatrices en santé mentale de l’ACSM, rend souvent visite à une personne de la communauté, et elles ont sympathisé autour de leur amour commun pour les plantes – la maison de cette personne en est remplie. Au fil du temps, elles ont noué une relation de confiance qui a ouvert la voie au soutien en santé mentale. »

Selon Mme Laviolette, la volonté de l’équipe de projet de l’ACSM de s’impliquer au-delà du programme a permis de gagner la confiance et le respect des résidents.

« Les gens viennent aider les communautés et leur prêter main forte. Si des paniers sont distribués, ils participeront à la distribution », illustre Mme Laviolette. « Et parce qu’ils sont présents dans la communauté et qu’ils souhaitent aider ses membres sans se borner à leur programme, il est plus facile de leur faire confiance. Ainsi, ils ont une base relationnelle sur laquelle s’appuyer lorsqu’il est temps d’aider une personne de la communauté à surmonter ses difficultés. »

Mme Collins, même si elle n’y réside pas, comprend les grands défis que doivent relever les résidents de Fort Chipewyan, une communauté isolée d’environ 900 personnes située à l’extrémité ouest du lac Athabasca, à 220 kilomètres au nord de Fort McMurray.

« La nourriture est très chère à Fort Chipewyan. Pour renforcer les liens avec la communauté et lui montrer notre gratitude pour son hospitalité, nous apportons souvent des repas lors de nos rencontres », affirme Mme Collins. « Lorsqu’on se rend dans une communauté, c’est pour prendre connaissance de ses besoins. On ne prétend pas tout savoir d’emblée. On entretient le dialogue avec les membres de la communauté pour qu’ils se sentent écoutés et compris. Cela permet de maintenir une relation solide avec eux. »

Selon Mme Laviolette, cette approche a permis d’instaurer des liens de confiance à Fort Chipewyan.

Leah Pettipas, coordonnatrice du programme de soutien aux familles pour la Première Nation de Fort McKay, abonde dans le même sens.

« L’engagement de l’ACSM envers notre communauté s’est avéré très positif. L’équipe a établi des relations avec les travailleurs de proximité. Elle leur a aussi transmis des renseignements utiles sur les projets qui, selon elle, profiteront à la communauté », explique Mme Pettipas. « L’ACSM joue un rôle crucial dans notre communauté en facilitant les discussions délicates et en offrant un point de vue extérieur. Nous tenons en haute estime notre lien avec l’ACSM et nous envisageons avec optimisme la poursuite et le succès de cette relation.

Le financement du programme, conçu spécialement pour la Première Nation Athabasca Chipewyan, la Première Nation de Fort McKay, la Première Nation crie de Mikisew, la Première Nation 468 de Fort McMurray, les Métis de Fort Chipewyan, les Métis de Fort McKay et les Métis de McMurray, est assuré par L’Impériale, une entreprise affiliée à l’Alliance nouvelles voies.

« Ce financement nous a permis de mettre en place le programme et de nouer ces relations. Nous n’aurions pas été en mesure de nous rendre dans les communautés en ne comptant que sur notre financement habituel, vu les coûts de déplacement », note Susan Goll, directrice générale de l’ACSM de Wood Buffalo. « Il est très important d’entretenir la confiance de la communauté et de nourrir nos relations par une présence régulière. »

Pour sa part, Mme Laviolette constate les retombées positives du programme sur la communauté.

« Nous sommes très heureux des visites de l’équipe. Nous avons collaboré avec elle par le passé, mais cette subvention lui permettra d’agir de manière indépendante », indique-t-elle. « Investir dans des programmes comme celui-ci, qui aident à relever les défis que représentent les problèmes de santé mentale, est un pas dans la bonne direction et un exemple de la manière dont les entreprises peuvent utiliser leur argent pour faire le bien. »