Un programme de construction de logements contribue à préserver l’unité des familles autochtones au sein de leur communauté
Pendant huit hivers consécutifs, Darlene Richards a dû se vêtir chaudement, enfiler ses bottes d’hiver et braver la neige et le froid pour aller se procurer, à l’aide d’une luge qu’elle tirait, du bois destiné à alimenter le poêle qui chauffait son autocaravane, dans laquelle elle vivait depuis 2016.
« C’était très exigeant sur le plan physique de vivre comme ça au quotidien », raconte cette résidente de 55 ans de Conklin, une communauté métisse située à environ 350 kilomètres au nord-est d’Edmonton. « Mais cette autocaravane, c’était mon chez-moi. J’avais des câbles qui reliaient l’autocaravane à la maison pour l’électricité. Un camion venait remplir mon baril d’eau. Je cuisinais sur mon barbecue, même en plein hiver, et j’utilisais une toilette extérieure. »
La situation de Darlene n’est pas unique : sa sœur Grace Richards vivait elle aussi dans une autocaravane aménagée, située à environ 400 mètres de la sienne. « J’ai habité cet endroit pendant huit ans. J’ai acheté l’autocaravane en pensant l’utiliser pendant deux ans, au maximum », explique Grace. « Je me levais chaque matin pour aller chercher de l’eau dans mon baril. L’électricité n’était pas suffisante pour faire fonctionner un grille-pain, une cafetière ou un four à micro-ondes, alors je me contentais d’un café en poudre. Je faisais chauffer de l’eau sur le poêle pour me laver ou pour nettoyer mes affaires, car je n’avais pas l’eau courante. »
C’est en novembre dernier que tout a changé, alors que Darlene, Grace et 21 autres familles de la Section locale 193 des Métis de Conklin ont commencé à emménager dans de nouvelles maisons préfabriquées au sein de la communauté.
Ces maisons font partie d’une initiative de 50 millions de dollars lancée par Cenovus Energy visant à construire jusqu’à 200 logements dans six communautés de Premières Nations et de Métis situées près des sites d’exploitation de sables bitumineux de Foster Creek et de Christina Lake.
« Essentiellement, Cenovus a toujours voulu être un bon voisin », explique Dustin Meek, responsable du développement des entreprises autochtones et du logement. « Les membres des communautés autochtones nous ont fait savoir que le logement était un besoin criant pour la population; c’est pourquoi nous avons travaillé en étroite collaboration avec eux afin de répondre à ce besoin. »
Le programme a été mis sur pied par Alex Pourbaix, président du conseil d’administration de Cenovus, après sa visite, il y a de cela plusieurs années, de plusieurs communautés, dont la Nation crie de Beaver Lake, la Nation métisse de Chard, la Première Nation des Dénés des Prairies de Chipewyan, la Première Nation de Cold Lake, Conklin et la Première Nation de Heart Lake.
« On ne peut pas vraiment comprendre les conditions de logement dans les communautés autochtones tant qu’on ne les a pas vues de ses propres yeux. Alex, qui était notre PDG à l’époque, était très préoccupé par ce qu’il voyait autour de lui, et il en a fait part aux dirigeants des communautés autochtones », explique Dustin. « Ces conversations ont donné naissance à l’initiative de soutien au logement autochtone de Cenovus. »
Depuis son annonce en janvier 2020, ce programme a permis la construction de 121 maisons jusqu’à la fin de 2023, dont 17 à Conklin. Cette année, du financement assurera la construction de 40 maisons supplémentaires, dont 6 à Conklin. Valerie Quintal, présidente de la Section locale 193 des Métis de Conklin, considère ce programme comme une réponse essentielle aux besoins de sa communauté en matière de logement.
« J’ai grandi à Conklin et j’aime cet endroit, mais la question du logement a toujours été un défi », explique Valerie. « Dans les années 1980, des programmes gouvernementaux ont permis de construire quelques maisons, mais ça, c’était il y a plus de 40 ans. Depuis, nous avons perdu des gens à cause des logements insalubres. Les habitations sont surpeuplées, surtout lorsque les enfants grandissent, qu’ils deviennent des adultes et qu’ils fondent leur propre famille. Ils ont dû quitter Conklin pour aller s’installer à Fort McMurray, à Lac La Biche et à Edmonton. »
Cenovus a travaillé en étroite collaboration avec la communauté de Conklin pour développer un nouveau quartier équipé des infrastructures nécessaires à l’installation des maisons. Ces maisons, préfabriquées à Lloydminster et à Edmonton, sont ensuite transportées par camion jusqu’à la communauté avant d’y être installées.
« Ils ont travaillé avec nous pour trouver la meilleure solution, et la communauté a recensé les familles les plus dans le besoin. C’est très émouvant de voir les maisons arriver dans la communauté et de réaliser combien elles vont changer la vie de ces familles », déclare Valerie. « Pour moi, Cenovus est une bénédiction pour Conklin. Elle a pris conscience d’un besoin urgent dans notre communauté et a répondu à l’appel. Ces maisons permettront aux familles de rester ensemble et de demeurer ici, chez elles, dans leur propre communauté. »
Darlene se réjouit de pouvoir retrouver le confort qu’elle appréciait lorsqu’elle vivait à Fort McMurray, où elle manœuvrait des équipements lourds, avant que l’envie de retrouver sa communauté de Conklin ne la pousse à revenir.
« J’apprécie pouvoir allumer la lumière d’un simple geste ou ouvrir le robinet pour avoir de l’eau. Je fais mon lavage chez moi, sans avoir à transporter mon linge ailleurs », confie Darlene. « Mon plus grand souhait est que les jeunes de ma communauté n’aient pas à vivre dans des conditions aussi difficiles que celles que j’ai connues. »
Grace, quant à elle, se réjouit de tout ce que son nouveau foyer lui réserve. « Un repas de Noël en décembre… Cela fait 10 ans que je n’en ai pas préparé un à la maison. Même les petites choses du quotidien, comme prendre une douche, allumer une lumière ou mettre le chauffage en marche, je les considérais comme acquises avant mon retour à Conklin », confie-t-elle.