Faire progresser le captage direct dans l’air : Deep Sky accueillera des fournisseurs du monde entier pour tester des technologies à son installation d’Innisfail 
 

4 septembre 2025

Alex Petre, PDG de Deep Sky, basée à Montréal

Les champs infinis de canola, de blé et d’avoine du centre de l’Alberta offrent un cadre improbable pour le premier centre d’innovation et de commercialisation au monde consacré au captage direct dans l’air (CDA).

Mais Alex Petre, PDG de Deep Sky, une entreprise basée à Montréal, considère Innisfail – une communauté rurale de 7 900 habitants située à environ 120 kilomètres au nord de Calgary – comme l’endroit idéal où réaliser le projet phare de l’entreprise, baptisé « Alpha », principalement en raison de ce qui se trouve sous les vastes prairies du centre de l’Alberta et de la réglementation qui s’y applique.

« Le Canada bénéficie d’une géologie exceptionnelle pour stocker le dioxyde de carbone (CO2) ainsi que d’une abondance d’énergies renouvelables. Notre entreprise a besoin des deux », explique Mme Petre, dont l’entreprise compte 33 employés répartis entre Montréal, Calgary et Toronto. « La province a élaboré une réglementation sur le stockage souterrain, ce qui a permis la création de centres souterrains où nous pouvons stocker le CO2 capté ici, à Alpha. Nous avons besoin d’énergies renouvelables, car notre produit est une compensation carbone. »

Alimenter le processus de captage du carbone avec de l’énergie renouvelable permet de répondre aux exigences de validation visant les crédits de compensation tout en attirant des acheteurs potentiels. Deep Sky a déjà vendu toutes les compensations qui seront produites par l’installation pendant la prochaine décennie.  

Ce centre, d’une valeur de 50 millions de dollars, servira de terrain d’essai pour les technologies de CDA développées au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Canada et aux États-Unis.  

« Nous avons discuté avec plus de 100 fournisseurs de partout dans le monde au sujet de différentes technologies », précise Mme Petre. « Nous en avons sélectionné 10 qui viendront visiter Alpha pour tester leurs technologies afin de déterminer celles qui fonctionnent le mieux et de les déployer à une échelle commerciale. »

Les technologies de CDA utilisent de puissants ventilateurs pour aspirer l’air ambiant et le combiner à un sorbant, qui agit comme une éponge en absorbant les molécules de dioxyde de carbone. « Les technologies de captage directe dans l’air ont recours à un sorbant solide ou liquide pour piéger les molécules de CO2 », explique Mme Petre. « Une fois que le sorbant est saturé en CO2, un processus de désorption, qui fait appel à la température, la pression ou l’électrodialyse selon la technologie, sépare le CO2 du sorbant. Ce CO2 est acheminé par pipeline vers l’infrastructure centrale de l’installation, qui le transforme en CO2 liquide. Celui-ci est ensuite transporté par camion vers un centre de stockage du carbone, où il est stocké en toute sécurité sous terre. »

Deep Sky Alpha testera huit technologies de sorbants solides et deux technologies de sorbants liquides dans son installation de cinq acres, située dans un parc industriel aménagé en centre de technologie propre par la ville d’Innisfail. 

Emissions Reduction Alberta a accordé à Deep Sky Alpha un financement de 5 millions de dollars provenant de son fonds pour la réduction des émissions grâce à l’innovation technologique. Les entreprises membres de l’Alliance nouvelles voies contribuent à ce fonds par le biais du système provincial de tarification du carbone et d’échange de quotas d’émission.

Outre cet appui financier, Mme Petre estime que c’est l’expertise du secteur énergétique qui aidera Deep Sky à s’imposer. 

« Si nous connaissons aussi bien la géologie du Canada aujourd’hui, c’est en partie grâce aux travaux des entreprises énergétiques traditionnelles qui, depuis des décennies, l’étudient pour extraire des ressources pétrolières et gazières », affirme Mme Petre, qui a commencé sa carrière en tant que consultante en énergie. « Nous avons fait appel à des entrepreneurs habitués à travailler dans le domaine de l’énergie conventionnelle et possédant l’expertise nécessaire pour construire Alpha, car une grande partie de notre infrastructure est similaire. Nous disposons de galeries de tuyaux sur structure métallique, tandis que notre infrastructure centrale, qui transforme les flux issus des différentes technologies de captage du carbone en CO₂ liquide, comprend des équipements semblables à ceux d’une usine traditionnelle de pétrole et de gaz. Elle est simplement agencée différemment. Ce que nous réalisons constitue la dernière étape logique du cycle de vie du carbone. »

Le centre aura la capacité de capter 3 000 tonnes d’émissions chaque année. Mais l’objectif global sera de commercialiser les technologies les plus prometteuses dans des installations plus grandes qui pourraient éliminer jusqu’à un million de tonnes de CO2 par année.

La PDG de Deep Sky, Alex Petre, se tient à côté de l’unité de liquéfaction du CO₂ à Deep Sky Alpha, le premier centre mondial multi-technologique de captage direct dans l’air, situé à Innisfail.

« Bon nombre de ces technologies ont été testées en laboratoire ou dans le cadre de projets pilotes à petite échelle. Nous voulons voir ce qui fonctionne dans le climat canadien, un environnement loin d’offrir des conditions d’exploitation idéales, surtout en hiver dans les prairies », explique Mme Petre.

Deep Sky souhaite construire 100 installations à grande échelle partout au Canada, mais considère qu’elles viennent compléter des projets tels que le réseau de captage et stockage du carbone proposé par l’Alliance nouvelles voies. 

« Les projets de captage et stockage du carbone (CSC) qui éliminent le CO2 des gaz d’échappement des installations industrielles lourdes constituent un outil important, car ces technologies empêchent davantage de CO2 d’être rejeté dans l’atmosphère », souligne-t-elle.

« Le captage direct dans l’air permet de réduire l’inventaire croissant de CO2 émis au cours des 200 dernières années, soit depuis le début de la révolution industrielle. Ce que nous tentons de faire, c’est d’aspirer le CO2 qui se trouve déjà dans l’atmosphère. »

L’Agence internationale de l’énergie estime qu’il existe actuellement 27 usines de CDA en activité dans le monde, avec une capacité de captage de 10 000 tonnes par année. 

« Notre entreprise est très motivée par sa mission, car cette technologie est indispensable. Trouver un moyen de la déployer à grande échelle et à un coût abordable est un aspect clé de notre mission, et Deep Sky Alpha représente le premier pas concret dans cette direction. »