Apprendre en terrain connu — Une assistante de recherche autochtone participe à une étude forestière fédérale dans le nord-est de l’Alberta

3 décembre 2024

Shania Desjarlais-Larocque apprécie son stage sur le terrain

Shania Desjarlais-Larocque a passé une bonne partie de son enfance dans la vaste forêt boréale qui entoure la petite communauté métisse de Conklin, située à environ 350 kilomètres au nord-est d’Edmonton.

« J’ai grandi entourée par la nature, qui est omniprésente ici », explique Shania. « Quand j’étais plus jeune, je voulais toujours être dehors et je caressais l’idée de poursuivre une carrière dans ce domaine. »

Lorsque l’occasion de devenir assistante de recherche pour un projet d’été avec le Service canadien des forêts s’est présentée, Shania l’a saisie avec enthousiasme.

« J’ai toujours été intéressée par l’étude des plantes, tant du point de vue occidental que du point de vue autochtone », explique Shania, qui est en deuxième année du programme de leadership et de gestion de la Blue Quills University, un établissement d’enseignement postsecondaire autochtone situé à Saint-Paul, en Alberta. « Je suis une personne qui apprend par la pratique, alors le fait d’être à l’extérieur me permet de m’épanouir pleinement. De plus, ce travail m’a permis d’en apprendre davantage sur le paysage local. »

Dans le cadre de ce stage financé par l’Alliance nouvelles voies, Shania a travaillé sur le terrain avec une équipe de recherche du Service canadien des forêts, un département du gouvernement fédéral qui fournit une expertise et des conseils scientifiques et politiques sur les questions relatives au secteur forestier national. L’équipe, dirigée par l’écologiste forestière Anna Dabros, a étudié les effets de la végétation sur les lignes de prospection sismiques créées par l’industrie de l’énergie par rapport aux forêts non perturbées.

Mme Dabros, dont la carrière l’a conduite à explorer l’arrière-pays canadien pour étudier les plantes des tourbières et des marais, a grandement apprécié la présence d’une personne originaire de Conklin au sein de l’équipe.

« Conklin a été notre base, ces derniers étés. Une fois la journée de travail sur le terrain terminée, je faisais du vélo dans les environs. C’est un endroit à la fois isolé et magnifique », raconte Mme Dabros, qui travaille pour le service depuis 15 ans. « C’est leur territoire, et les membres de la communauté possèdent des connaissances que je n’ai pas. J’ai toujours pensé que je pouvais apprendre beaucoup des habitants, notamment des choses que je n’aurais peut-être jamais remarquées. Après mon premier été à Conklin, j’ai rencontré les membres de la communauté pour leur présenter mes recherches. Nous sommes allés sur le terrain ensemble, et ils m’ont montré des espèces végétales dont je connais le nom scientifique, mais ils m’ont également expliqué leurs usages traditionnels. Aucun cours ni article de recherche ne vous apprendra jamais cela. »

Philip Hoffman, technicien en biodiversité des insectes auprès du Service canadien des forêts, a passé ses journées sur le terrain avec Shania dans les marais qui entourent la communauté.

« J’étais déjà allé à Conklin plusieurs fois et j’avais tissé des liens avec les gens de la région — la communauté me connaît comme “l’homme qui aime les insectes” —, mais travailler avec Shania m’a ouvert beaucoup plus de portes », explique Philip, qui a recueilli des spécimens d’araignées et d’autres arthropodes dans le cadre de son projet de recherche. « Avec Shania, nous avons eu de nombreuses conversations culturelles vraiment intéressantes lorsque nous étions sur le terrain. Une chose que nous avons faite avant de commencer notre travail a été d’offrir du tabac pour rendre hommage à la Terre mère et de dire une prière. Cela a vraiment aidé tout le monde à se sentir plus à l’aise et à établir des relations de confiance. Avec une de ses amies, Shania m’a invité à cueillir du foin d’odeur, ce qui a été une expérience très positive pour moi. »

Pour sa part, Shania a beaucoup enrichi ses connaissances durant son stage.

« Moi aussi, j’ai énormément appris de ces personnes, ce qui démontre que chacun contribue à sa manière. Ce que j’ai partagé avec ma famille après la recherche, c’est la perspective scientifique occidentale de l’écologie en comparaison avec les enseignements transmis de vive voix par nos aînés », explique-t-elle. « J’ai aussi découvert, grâce à mon travail sur le terrain, de nombreux endroits propices à la dispensation de soins, que j’ai communiqués aux membres de la communauté. »

Elle encouragerait d’autres étudiants autochtones à accepter un poste d’assistant·e de recherche au sein du Service canadien des forêts.

« Il est important d’être ouvert aux perspectives occidentales et autochtones. Préparez-vous à mettre la main à la pâte! »